16 Janvier 2017
DESTIMBORLAT
En voilà un qui n’est pas très bien dans sa tête !
On dira de quelqu’un qu’il est « distimborlat » quand il est un peu fou, fou, un peu tracassé. Il n’en est pas au stade du« caluc » dont l’état psychique est plus préoccupant. Attention, il peut y arriver s’il exagère un tout petit peu !
Aujourd’hui on dirait déjanté, déphasé, bref, dans le vocabulaire très matérialiste de notre temps qu’il a pété un câble, une durite ou encore les plombs.
Un « timbol » ou un « timborle » par ici, c’est un fou. Mais attention, il faut savoir que loin des frontières occitanes, c’est aussi un nom de famille usité !
Mais, tout de même : le « distimborlat » fait plus que « cabourdéjer »
Janvier 2017
MAUVAISE LIMONADE, ON EST MAL BARRE
En Languedoc, autant dire que la pluie tombe moins fréquemment que dans le Nord de la France.
Mais quand la pluie, ou les phénomènes cévenols comme disent les météorologistes, surviennent, ils provoquent de grosses, très grosses catastrophes : Cuxac d’Aude, Villedaigne, Lézignan-Corbières, Sommières et ses « vidoulades », etc.
Alors, une « mauvaise limonade » indique, ici, que l’on va avoir très bientôt les pieds dans l’eau.
Par extension, cette locution signifie que l’on se trouve ou que l’on va se retrouver, comme on dit partout, « dans de beaux draps » ! Cette expression est aussi utilisée quand les affaires tournent mal.
« Mauvaise limonade, on fera les vendanges dans l’eau », entend-on du côté de la plaine de Coursan quand une grosse « ramade » (gros orage) vient de tomber! Et tout les vendangeurs savent que c’est très pénible de porter la hotte remplie de trois seaux au moins et de « tirer » à cent souches ou plus!
CARAQUE
Est-ce en souvenir de ce bateau portugais qui faisait le voyage du Brésil et des Indes Orientales au XVI ème siècle, que le nom est resté ? Ou parce qu’on dit généralement que ceux qui portent des boucles d’oreille sont des pirates ou des gitans ? Quoique maintenant, ce n’est plus un signe distinctif !
Toujours est-il qu’en plus de désigner le bateau,( nef, nao en espagnol, nau en portugais) le mot « caraque » est utilisé dans nos régions pour désigner un gitan.( nous à Ciutat nous disons un gitane en écrasant le e)
Et si en parlant d’une tierce personne, on la surnomme « le/la caraque », attention, il/elle veut vous rouler dans la farine ! « Attention, celui-là est un véritable caraque » entend-on sur les marchés. Et là, c’est péjoratif !
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CANAILLOU
Qu’il est beau ce petit mot que l’on emploie dans le sens de fripon !
« Ce petit canaillou, il se cache exprès pour me faire chercher » dit cette menina.
De l’occitan « canalhon » (prononcez canalloun). C’est le traditionnel suffixe diminutif qui, ajouté au mot français, donne une consonance plutôt rigolote.
Tranquille et tranquilou, cagane et cagagnous, ..
On aime bien ici, le « drôle » qui devient « drouillas » : le voyou qui devient un garnement.
ESTIMBOURLE
Etre estimbourlé peut se dire de différentes façons, fada, frapadingue et pourquoi pas fadorle avec des nuances cependant.
Ce mot viendrait de timbol toqué.
lorsqu’on traîte une personne de fada on pense à fou, par contre un fadorle c’est un être complétement fou et le frapadingue est complétement frappé, félé et fou.
EMPEGUER
« Avisa, ils vont l’empéguer», entendu sur le boulevard Barbès ou devant chez Piche à propos des policiers et leurs PV.
« Empéguer » d’ « empégar » en occitan vient de la « pega », la colle, employé à tout crin : le « pégot » c’est le cordonnier qui encolle la semelle ; du côté de Nîmes, vous irez à la « pégoulade », la retraite aux flambeaux ouvrant la féria.
A la mer quand il y a une longue période de marin ou de « grec » (vent d’Est), les Audois disent « ça pègue »
Il y aussi se faire « empéguer » par quelqu’un : une gifle en pleine poire ça peut remettre les idées en place !
Mais il y aussi, plus laid, « Estre empégat »,
c’est aussi « avoir cargat la mulo » (chargé la mule), c’est-à-dire, bu beaucoup trop.
« Alora, méfi (alors, attention) de se faire « crouiller (crolhar), attraper, par la patrouille qui essaie de « claver » ceux qui ont trop d’amitié pour le « pastaga » et la « tisane de gabels » (la tisane de sarments)
Proverbe Occitan:
« Aben la pléjo sourtiren la trèjo »
BLANQUEJER
Ici, quand vous voyez une personne « blanquéjer », soit elle a passé l’hiver dans les régions nordistes avec si peu de soleil qu’elle retourne ici toute « blanquette » , elle a perdu tout son hâle ou bien le plus souvent, elle se fait du souci ou elle a mal.
Pour les nerveux qui « blanquèjent », certains se rongent les ongles en public, d’autres tournent en rond, certains ont tellement de fiel au bout de leur « langue de peille »( la peille est la serpillère de la ménagère qui ramasse toutes les cochonneries qui trainent au sol) qu’ils en deviennent, de rage, livides ou terreux, les plus nerveux ont eux, des tics incontrôlables.
« Blanquéjer » vous l’aurez compris, c’est devenir « blanc comme un linge ! » On peut aussi « blanquéjer » après une grosse frayeur, une belle peur.
Et puis, il y en a qui « blanquèjeront » naturellement. Ils iront chez le coiffeur, se feront teindre les cheveux, rien n’y fera. Ces cheveux blancs qui apparaissent et gagnent du terrain auront toujours le dernier mot. « Blanquejer », c’est donc prendre des cheveux blancs, au sens propre, et se faire du souci, au sens figuré.
Mais, que l’on se rassure : on « blanquéje » aussi avec l’âge, tout simplement.
BOUFANELLES, sarments et souquets
Une fois n’est pas coutume, voici des mots typiquement locaux, issus de la viticulture
Mais alors qu’avant, pendant que le vigneron taillait, bien souvent, son épouse façonnait de ses mains les « boufanelles »,fagots de sarments utilisés soit dans l’âtre de la cheminée pour lancer le feu, soit dans le barbe-cul pour faire les grillades parfumées au thym et romarin de chez nous, bien sûr !
Et ce mot est indissociable de son compagnon : « les souquets », ces gros rejetons situés sur les ceps et devenus inutiles et que le vigneron taille pour donner de la force au pied.
Les deux mots : « boufanelle » et « souquets » sont très utilisés, mais malheureusement plus personne ou si peu, n’en façonne, et je ne vous dis pas le prix chez les rares distributeurs locaux ! Il ne reste qu’à aller les ramasser et à confectionner les « boufanelles » pour les grillades de l’été.
Mais, à Narbonne-Plage et sur le littoral, quand les routes côtières n’existaient pas, les autos de l’époque empruntaient les pistes de sable fin et certaines fois l’enlisement était inévitable ! Nous, nous le savions, mais combien de « parisiens »(appellation moqueuse de toute personne habitant au-dessus de Toulouse) se sont faits prendre au piège. L’indigène averti avait toujours dans ces cas-là, une « boufanelle » dans la malle de sa voiture et se faisait un doux plaisir de montrer son ingéniosité en glissant une « boufanelle » sous les roues motrices afin que la voiture redémarre.
Autre utilisation: quand on fait sécher au frigo, un jambon, afin qu’il s’égoutte sans tremper dans son jus on utilise des sarments comme support, évidemment non traités pour poser sous la viande. De même pour le magret de canard que l’on fait sécher salé et poivré, on glisse deux ou trois sarments sous la viande, le gras restant dessus, afin que l’air puisse bien circuler et sécher naturellement l’ingrédient de vos futures salades.
« Allez, boulègue, boulègue ! » peut-on entendre les soirs de loto dans la salle des fêtes de nos villages où les joueurs espèrent faire quine ou carton plein pour remporter le panier garni ou le gros lot !
« Boulègue » signifie mélanger et donc, il faut que celui qui tire les numéros du sac ou de la boule, mélange bien les pions contenus dans sa sacoche. L’exclamation est le plus souvent prononcée par un joueur malchanceux ou impatient qui n’arrive pas à aligner une (ou un) quine (série de cinq numéros rangés sur une même ligne horizontale d’un carton)
CEBE
Les amateurs d’oignon ne seront pas dépaysés avec ce nom issu de l’occitan et très répandu dans la région. Si dans l’Hérault, à Lézignan-la-Cèbe, on fête l’oignon doux; dans l’Aude, chaque année, à Citou. Dans la Montagne Noire, on honore en automne, ce succulent oignon doux qui se conserve six mois de l’année.
La « cèbe » (de l’occitan « ceba ») est donc cette plante potagère de la famille des liliacées, qui fait beaucoup de bien pour l’alimentation quotidienne mais avec des conséquences physiologiques désagréables pour l’entourage. La « cèbe » entre dans de très nombreuses préparations culinaires du Midi.
Notons que comme « manhaguette » avec « manhac » et « mamette » avec « mamé », la « cébe » a son diminutif : la « cébette »(de l’occitan « cebéta ») que l’on traduira plutôt par oignon tendre, que l’on trouve normalement sur les étals dès le printemps avec ses lieutenants les radis pour mieux déguster une bonne salade!
CAPEGER
Récemment nous avons vu « cabusser ». Aujourd’hui, « capéger » est un verbe que nous aimons bien. De l’occitan « capejar », il est surtout employé dans l’Ouest du Languedoc. On l’utilise pour un hochement de tête particulier ! Vous savez au moment où l’on commence à s’endormir, lorsqu’on baisse la tête et qu’on la relève soudainement, par exemple quand on est à table après un bon « friginat » (ragout de porc ou de sanglier accompagné de haricots blancs de Castelnaudary avec des couennes), que tout le monde bavarde, mon voisin a « capégé » !
A Padern, dans les hautes Corbières, on entend au cagnard du village « Regarde-le ce papet, il ne va pas tarder à« ronquer » (dormir en ronflant), il n’arrête pas de « capéjer » ! ». Bon « roupil » ! (Bonne sieste)
CLOSCAMOL
Dans « closcamol », on entend « closca » (tête), et « mol » (mou), donc « closcamol », signifie chez nous une tête molle, pas tout à fait finie, qui a encore des choses à apprendre et dont les raisonnements par conséquent ne sont pas adaptés à la situation.
Cela peut signifier aussi, une personne lente, lente dans ses mouvements mais aussi lente dans sa compréhension.
Un autre sens peut exister et souvent entendu par les ramasseurs d’escargots : « celui-là, je le laisse car c’est un closquemol ! » En fait c’est un escargot jeune qui n’a pas sa coquille ourlée et que l’on doit laisser grandir parce que, en plus, dans la « cargolade » la coquille s’effrite et c’est désagréable au palais. Mais il y a toujours cette idée de ne pas être fini.
CROUSTET.
De bons « croustéts » dans la soupe de poissons, il n’y a rien de mieux pour se régaler ! Le « croustét » ? C’est le croûton (ici grillé et tartiné d’aïoli avec du fromage râpé dessus). De l’occitan « crostet » qui se prononce croustet.
On parlera aussi de casse-croûte à propos du « croustét » : dernièrement je suis allé aux champignons avec Popo et j’ai pris un « croustét » (un sandwich, en général, pas avec du pain frais) au pâté de foies de poulet accompagné d’olives vertes de l ‘année : un régal !
Et quand on parle de « croustét » on garde en mémoire le célèbre film sur la révolte des vignerons « Lou darnier croustét ».Et il me vient à l’esprit ce que me racontait ma grand-mère: « quand on était gosse, nous autres, à goûter, on mangeait un peu d’ail frotté sur un « croustét » ! Et rien de plus, sauf peut-être, un filet d’huile d’olive par grand froid. »
Par extension, on parlera également de « croustét » pour quelqu’un qui a la tête dure. Mais également de « croustét » (de l’occitan « crostier ») pour la croûte d’une plaie.
CABUSSER
Une peau de banane par terre, un copain qui vous fait un croche-pied, un obstacle imprévu au sol, un trottoir que vous n’avez pas vu, votre pied droit qui se met en travers de votre pied gauche… et voilà, vous vous prenez un cabus !
Se prendre ou piquer un cabus, c’est plonger, se « casser la gueule ». vous l’entendez surtout l’été quand il fait très chaud : « je vais piquer un cabus à la mer pour me rafraîchir avant de passer à table ». (Je vais plonger pour me rafraîchir…)
D’où le verbe cabusser (de l’occitan « cabussar ») qui signifie plonger la tête la première. A la piscine vous pourrez autantpiquer une tête dans l’eau qu’un cabus sur le relax tout proche, car après le repas frugal, une bonne sieste sous le mûrier(avec la tête qui tombe seule) rien de mieux pour attendre l’heure de la pétanque.
S’ACHOULER
C’est le propre du bébé. Pourquoi ? Quand on apprend à marcher, on tombe, et le bébé tombe souvent sur ses fesses. Il« s’achoule » !
Mais, d’une façon plus générale, tout le monde peut « s’achouler » ! Tenez, l’autre jour, je suis allé cueillir des cèpes au col du Cabarétou, j’en ai aperçu un magnifique dans un « bartas » (buisson épineux, type chêne kermès), en voulant le saisir je me suis « achoulé ». Difficile de me relever, les mains pleines d’épines !
Ou bien, un autre sens, l’autre soir en assistant au tirage du Loto, il ne me manquait qu’un numéro, je me suis « achoulé » sur le fauteuil !
Donc, « s’achouler », c’est un peu tomber à la renverse, rester sur le c…, être très surpris
: CHAPAT ou CHAPAS
La cuisine occitane fait la part belle aux expressions qui tournent autour des plats, et les mots et expressions sont légion !
Le plus utilisé est « chapas » ou « chapat ». On ne résistera pas de citer « Macarel, on est allé aux « Grands Buffets » et on s’est fait un « chapas » pour désigner un solide repas.
« Chapat » qui indique plutôt la grosse quantité est un repas non seulement très copieux mais aussi très calorique qui vous cloue sur votre chaise une fois terminé ;
Dans les Pyrénées audoises, on utilise aussi : « afart » pour désigner le copieux repas de Noël. Le « afartar » signifiant : rassasier. Quant au « bafras », repas gargantuesque, on l’utilise dans le Carcassonnais.
Alors, attention pour les fêtes de fin d’année qui arrivent, la crise de foie vous guette si vous ne consommez pas avec modération
BADER COMME UN…CHOT
Le « chot » est une hulotte, un hibou. Au sens figuré, le « chot » est un imbécile, un sot.
Cette expression méridionale équivaut à l’expression française : « bailler aux corneilles ». Une expression peu flatteuse évoquant la niaiserie.
Le « chot » comme son nom ne l’indique pas, a des grands yeux fixes qui lui donne l’ait ahuri. Vu, dans un immeuble, celui qui se met au balcon de son appartement et qui s’ennuie ou se distrait en regardant fixement, comme une hulotte qui se prépare en piquer du bec pour attraper sa proie : «Quel chot ! »
On retrouve le verbe « bader » dans l’expression : « Bader comme un agassou » : ouvrir la bouche comme le petit de la pie qui attend la becquée.
CURIEUX COMME UN POT DE CHAMBRE
L’expression est calquée sur l’occitan : « curios coma un pissador ».
Les pots de chambre, lorsqu’ils étaient plus utilisés que maintenant possédaient en leur fond un œil peint pour répondre à celui qui leur était présenté.
Dans le même registre, on trouve l’expression : « curieux comme un pet ». Cette expression vient probablement du fait que ce pet est enfermé dans l’intestin donc hermétique à ce qui se passe à l’extérieur et il veut alors sortir. D’où sa curiosité !
LA CAGAGNE
« Faut pas manger des raisins quand ils sont verts, ça donne la cagagne ! ».
La « cagagne », c’est la diarrhée, la « caguère », « la coulante », la « gastro », ou la « tourista » pour les vacanciers. Le terme vient de « caganha » » qui veut dire « aller à la selle » en occitan.
Elle peut s’attraper quand on mange trop de fruits, quand on a mangé un aliment qui ne vous convient pas, ou un coup de froid après un bon repas, …Bref, avant les fêtes de fin d’année vous êtes avertis.
Par extension, « avoir la cagagne » c’est avoir peur ! « Quel cagaïre ! » dira-t-on à propos de celui ou celle qui a peur de prendre ses responsabilités. On dit aussi qu’avant un match important les sportifs peuvent avoir la « cagagne » parce qu’ils sont saisis par le trac, ils se « c … » dessus.
Et quand on vous dit : « tu me fais caguer », il faut comprendre « tu m’embêtes » pour rester élégant.
COUSTELOUS
Encore, une histoire de bonne table! On est gourmet ou on ne l’est pas ! Qui ne connaît pas les « coustellous » dans le Midi ? Presque pour rappel, indiquons qu’il s’agit de ces délicieux travers de porc si goûteux.
Que ce soit au grill sur une bonne braise de « souquets » (ceps de vigne) parfumé de thym, romarin de La Clape, en sauce tomate généralement, accompagné de saucisse de Toulouse, ou tout autre façon de les cuisiner, c’est un plat peu onéreux et tellement apprécié ! Cette grillade est souvent accompagnée de tranches de « cansalade » (poitrine de porc salée, grasse et maigre à la fois).
Bon appétit.
Notons les variantes moins usitées : « cousteillou », « coustellou », et « costillon ».
Curious coumo uno engraniero
Le balai va dans tous les coins et recoins pour chercher la poussière
Es bavard coumo un pésoul rebengut
Quand le nas coulo, le choul suso pas
BE
Cette interjection n’a rien à voir avec le bêlement de la chèvre ou du bélier, même s’il n’est pas rare d’en voir dans le Midi.
Quand ce mot est prononcé sur le ton de l’exclamation, il signifie : « Bien ! », témoignant de la certitude, de l’étonnement ou de l’hésitation.
Précédé de « Hè », il exprime la lassitude ou la déception : « Hè bé, tu en as mis du temps ! »
On l’emploie également pour attirer l’attention de son interlocuteur ; et là, il signifie plus précisément : « Regarde !»
: CAPARUT
Alors ? Catalan ou occitan ? Plusieurs linguistes ont cherché sans trouver l’origine de ce mot.
Quoi qu’il en soit, on dira de quelqu’un qu’il est « caparut » lorsque ce dernier s’entête tout le temps.
« Regarde-le, ce petit, il monte sur son vélo et il en tombe tout le temps : es caparut com un ase ».
Pauvres ânes ! On leur fait supporter toutes les misères du monde !
CASQUETAÏRE
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le « casquetaïre » est celui qui visse habituellement sa casquette sur sa tête. Attention, pas ces jeunes gens qui dorment avec leur couvre-chef ou qui mettent la casquette dès le lever !
Non ! Affectueusement, un « casquetaïre » est une personne d’un certain âge qui bien sûr porte une casquette. Et qui, sous sa casquette ne manque pas de tenir des raisonnements.
Où trouve-t-on ces personnages ? Partout dans nos villages, à l’ombre des platanes, sur la place centrale ou assis au « cagnard » du coin. Ils sont généralement plusieurs à se retrouver, parlant de la pluie et du beau temps, évoquant les derniers potins du coin, voire démontrant de plus belles aptitudes à la pétanque. Ils sont heureux. nous les appelons, par un terme voisin : « les roumégaïres ».
CHEUSES !
« Cheuse, il pleut alors qu’il y a dix minutes il faisait encore beau ! » Cette exclamation typiquement populaire, on l’aura compris, signifie la stupeur, l’étonnement ; en français on traduirait par « bigre! » ou « Mince alors ! ».
« Cheuses » serait visiblement un dérivé du mot « Jésus » comme « Boudiou » en est un de « Bon Dieu »
Cependant, cette expression occitane peut s’employer pour signifier la pitié, la commisération : « Cheuses, regarde-moi ce chien : il est tellement vieux qu’il arrive tout juste à marcher »
Les Alsaciens dans ce cas lanceraient : « Yeuh » !
CAGNARD
S’il est un mot emblématique de notre cher Midi, c’est bien lui, notre cher « cagnard » (de l’occitan canhard)
Rien qu’à le prononcer on se sent envahi de torpeur et d’envies de siestes.
Le « Cagnard » du boulevard de la Méditerranéen à Narbonne-Plage, était un coin douillet à l’abri (une boîte de nuit intime dans les années 1970). Ce terme est très souvent utilisé dans les villages et désigne un coin du village particulièrement ensoleillé, à l’abri du vent du Nord(Cers) point de rassemblement de beaucoup de gens âgés ou pas, qui refont le monde tous les jours et vous déshabillent quand vous passez devant ! Le « cagnard c’est aussi, ce coin au détour d’une vigne, plein Sud, toujours à l’abri du Cers, où le vigneron prend sa pause méridienne après une journée de taille, souvent bien fraîche et ventée.
Mais le mot « cagnard » vient du mot « cagnas », cette chaleur qui écrase tout et vous invite à fermer les volets et rester bien tranquille à l’intérieur. Ne dit-on pas « quel cagnas ! » il a fait ce mois d’août, pour exprimer une chaleur étouffante.
Ce « cagnas » comme on dit ici, on joue à cache-cache avec lui, tant on l’aime et qu’on le craint à la fois !
LA CAGNE
Voilà un mal bien de notre temps.
Pourquoi faire plus quand on peut faire moins ? Et combien de fois dans la journée ne pourrait-on faire cette remarque à propos de la négligence élevée au rang de valeur et de la lenteur instituée?
L’écolier aura la cagne de terminer son devoir de mathématiques; la ménagère aura la cagne de nettoyer les vitres; cloué au lit, le malade aura la cagne d’aller chercher ses médicaments,…
Avoir la « cagne » (de l’occitan « canha »), c’est avoir un manque d’entrain, de volonté, être paresseux, indolent, pas trop vite le matin, doucement l’après-midi,
A NOTER : il n’y a aucun point commun avec le « cagnard » (occitan « canhard », coin ensoleillé) (vu antérieurement), ni avec le « cagnot »( jeune chien un peu fou), bien que le sens moins courant de la sieste méridienne (« faire le cagnot ») soit également donné à ce terme, mais il est plus souvent utilisé pour les jeunes enfants qui vont faire « cagnotte » avec la maman ou le papa pour débuter la sieste.
COUCOURDE
Pendant la saison ! Il y en a partout, de toutes les formes et de toutes les couleurs, sur tous les étals!
La coucourde, c’est tout bêtement la courge ! La coucourde, c’est plutôt dans une soupe de légumes que vous la trouverez et vous l’achetez sous les noms de::citrouille, courge ou potiron!. Fin octobre, c’était Hallowen, il n’en manquait pas ! Même qu’elles se déguisent en orange et noir. Dommage pour les couleurs du RCN!
Et ce n’est pas vraiment élogieux si on vous traite de coucourde.
Mais, si le potiron donne une délicate saveur à votre potage, vous ne vous en tirez pas si facilement que cela… « Rire comme une coucourde » n’est pas très flatteur. Et oui ! La coucourde (ou cougourle, de l’occitan« cogorla ») s’utilise aussi pour désigner l’idiot du village, l’imbécile.
Pour autant, vous n’aurez pas l’air « bêtassou » si vous vous exclamez : « Ils me mettent la tête comme une coucourde » si votre voisin fait trop de bruit ou parle trop.
COUFLE
Voilà un mot qui n’annonce rien de bon. Selon que l’on habite l’un ou l’autre des coins du Languedoc.Il ne s’emploie pas toujours avec le même sens.
Mais, tous les sens du mot ont un point commun :ils représentent un état d’esprit négatif et proviennent de la même racine occitane : « cofle ».
C’est ainsi que l’on dira qu’il en attrapé un coufle pour dire qu’il est saoûl, qu’un autre, repu et rassasié parce qu’il a trop mangé dira qu’il est coufle, une autre qui aura beaucoup de peine de voir partir quelqu’un sera coufle(au bord des larmes), qu’un autre rétorquera à son voisin qu’il le coufle, parce qu’il en a tout simplement marre de lui !
Conclusion : quand le peillarot (oupéyarot), le chiffonnier qui passait dans les rues quémander chiffons et peaux de lapin, est trop pégous(il colle, il s’accroche) et que vous en avez un sadoul (il vous a tenu trop longtemps) de lui que faites-vous ? Eh bien, soit vous l’emplâtrez (vous lui répliquez vertement), soit vous lui dites qu’il vous coufle, tout simplement.
AGANTER
Ô couillon, il s’est fait aganter par l’arbitre ! C’est ce qu’on a entendu du côté du Vieux-Port après le « coup de boule » de Zizou.Se faire aganter s’est se faire prendre en faute. Quand les minots (enfants) se font aganter par le grand-père, la rouste (une fessée ou une remontrance) n’est pas loin.
C’est aussi le cas du tricheur qui se fait aganter par le professeur, comme l’élève qui copie. Aïe !
Connaissez-vous l’« agantaire »et sa fourrière à chiens (petite remorque grillagée pour enfermer le chien attrapé au lasso, remorque liée à un vélo) qui « agante » les chiens qui errent dans la rue?
Mais il y a aussi de moments où ce verbe entraîne des cris de joie, comme à la pétanque quand le tireur a aganté la boule qui tétait le cochonnet, surtout si cela donne la mène à l’équipe ! Le vainqueur pourra peut-être aganter une « galine » (une fille), mais pas pour se nourrir.
Béléou
« Béléou »demain il fera beau !
Après la pluie vient le beau temps…Peut-être, mais rien n’est moins sûr.« Béléou »,j’irai faire un tournoi de bridge ce lundi, mais, ce n’est pas sûr !
« Béléou » comme on dit quand il tombe des hallebardes.
Il fera vent du Nord demain ?« Béléou beé »,peut-être bien que demain il fera beau, ce « marinas » va s’arrêter, veut-on croire en insistant sur le « bien » pour se persuader que tout finira par s’arranger.
Mais le doute est là, bien présent, car pour l’instant c’est« méchante limonade », (mauvaise limonade).On traverse une mauvaise période, voire une « passade » comme on dit sur les hauteurs de la Piège où l’Occitan est encore parlé quotidiennement.
Restons optimistes, faut pas avoir le « béuel » pour rien, il faut cesser de se faire du mauvais sang.
Être franc comme un âne qui reculeC’est évidemment par antiphrase qu’une telle comparaison doit être employée.Cette expression qualifie ainsi quelqu’un qu’on veut faire avancer, mais qui se bloque, par tempérament ou par caractère, comme l’âne. On dit,qu’il ou elle n’est pas plus franc que cet animalqui, sous des dehors humbles et soumis, que l’on peut plaindre, n’en fait qu’à sa tête. Par cet entêtement, il montre ainsi son caractère pour le moins rétif !Ne dit-on « Il est têtu comme un âne ! » Et on peut également signaler cette variante lozérienne « Franc comme une planche pourrie ».
ALENCADE
Terme familier du pêcheur languedocien, l’alencade(de l’occitan« arencada »)est la grosse sardine salée. C’est le hareng salé, hareng saur, que l’on retrouve chez les poissonniers présentés dans des caques rondes en rangs très serrés.
Par extension, on parlera d’expressions peu flatteuses.
« Es magre( maigre) coma una alencada »(ou arencada), qualifie les personnes maigres que l’on peut décrire aussi parantiphrase ce qui est très prisé en occitan. « Es gros coma un arencada ! » ; « quiché(serré)come des alencades », c’est ce qui arrive quand il y a trop de monde dans le métro ou le bus parisien !
Base du repas frugal sur la côte, petit déjeuner très prisé des vendangeurs, » l’arencada » est différente del’ « anchôia », l’anchois, (prononcer antchoillo). Elle nous donne ce beau proverbe :« Val mai una arencada sul pan, qu’un pijon que vôla »(il vaut mieux un hareng sur son pain qu’un pigeon qui vole !)
ARPATEJER
C’est le propre du bricoleur qui ferait mieux de ne pas prendre son tournevis ou son marteau tellement il est maladroit. Une pointe enfoncée de travers! Un panneau mal fixé! C’est là que le bricoleur arpatèje. Une roue réparée en trois heures, c’est là aussi que le mécanicien arpatèje!
De l’occitan « arpatejar », le verbe s’emploie pour une personne qui agit maladroitement. Ne dit -on pas souvent « le gafet » (l’apprenti) arpatèje?
GABATCH ou GAVACHE ou GAVACH.
A l’origine, le « Gabatch » est l’habitant du haut pays par rapport à celui des plaines.
Si dans cette région où l’on cultive le Sud au point de considérer comme nordiste tout quidam qui vit au-delà d’Avignon, on n’est pas loin de penser que le seul bassin de civilisation qui vaille, c’est le littoral méditerranéen.
Dans ces conditions, traiter quelqu’un de « gabatch », c’est le montagnard « rustaud » souvent considéré comme rustre, pas éduqué comme celui de la ville. Ce mot est à rapprocher de « Gavot » de l’ancien provençal qui désigne un paysan des Alpes.
Chez nous, être qualifié de « Gabatch » par un Catalan, c’est habiter au-delà de Fitou. En « montant » de Perpignan vers l’Aude, Fitou est le village audois représentant la frontière purement théorique de la Catalogne du Nord!
Le mot « gavache » a une connotation quelque peu méprisante; l’expression: « on dirait une gavachoune » se dit d’une personne qui n’a pas une tenue à la mode. On dit également: « être accoutré comme un « gavache »!
Visatge de corno
Desperto le mieg-mort
le mieg-mort se levo, se vestis
Va tusta a sou fraire
sou fraire se levo, se vestis
dintro dins sa maire
e manjo soun paire
Le poul canto e desperto le campaniol
qu’es mieg endormit
le campaniol se levo, se vestis, e va
desperta le ritou (en sounan l’angélus)
le ritou se levo, se vestis, dintro dins la gleiso
e fa la communiu (manjo nostre Senhe)
BOUDU
« Boudu », je ne l’avais pas reconnu celui-là!
« Boudu » qu’elles sont chères ces olives! Je vais aller en acheter à Bize!
Avec ses variantes régionales « Boudiou » et « Boudié« , selon que vous êtes à l’Est ou à l’Ouest du Languedoc, « boudu » est une exclamation (blasphématoire?) qui s’adresse au Très Haut. Et Bon Dieu, qu’est-ce qu’on a comme mal à ne pas l’employer!
Et du côté de Toulouse, ne dit-on pas en guise de ponctuation: « boudu con » employé dans le langage courant comme on place une virgule pour scinder deux parties d’une phrase écrite. Cette expression est tellement caractéristique de nos voisins et amis toulousains!
BRELE
A l’origine, il s’agit d’une vieille voiture dont on se sert jusqu’au bout, qu’on use jusqu’à la corde, rafistolée de toutes parts, bref, qui est en fin de vie! On nomme aussi les vélomoteurs de moins de 50 cm3 et surtout les cartes sans valeur qui font souvent perdre le joueur.
Mais, lorsqu’on s’exclame à propos d’une personne, « celle-là c’est une sacrée brèle! », il faut entendre par là que l’individu en question est un moins que rien, un gros nul, certains disent même un blaireau!
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« Naguère, brasséjar, c’était travailler de ses bras. Le brasséjaïre, un homme de peine: fonction par définition pénible et éminemment respectable.
De nos jours, on ne s’intéresse plus qu’au sens second du verbe: gesticuler.
Non, ce n’est pas parce que vous savez brasséjer que vous êtes irrésistible à la piscine, même si ça peut aider.La brasse est une chose, la « brassèje » en est une autre.
Le « Brasséjaïre » est devenu celui qui montre qu’il est présent, il gesticule beaucoup et ne fait pas grand chose. Un brasseur de vent dirait-on en langue d’oil. Cela ne veut pas dire pour autant que le « brasséjaïre » est quelqu’un d’important ou de cultivé. Ne dit-on pas ici que , qui « brassèje » autant qu’il parle n’est pas toujours efficace? On prétend qu’il n’en manque pas dans le Midi. Pure calomnie véhiculée par ceux qui ont oublié le premier sens du mot. »
Et pourtant des éoliennes, ce n’est pas ce qui manque dans la région!
ACO RAÏ
Aquo raï est une expression populaire passée dans le langage quotidien du Languedoc qui signifie: « ça ne fait rien, laisse tomber ». Elle est employée en toutes circonstances pour exprimer la facilité, l’aisance ou l’importance secondaire.
« Raï » peut aussi s’employer tout seul. « Il va mieux ton estomac? L’estomac, raï, mais le reste pardon ».
« L’argent, aquo raï » signifie que l’argent n’a qu’une importance secondaire, on l’aura ou on s’en passera.
« Maintenant raï, tout ira bien » signifie qu’on espère que les jours à venir seront meilleurs…
: Manhaguet: c’est un nom commun particulièrement répandu dans notre région. Il est le diminutif de MANHAC (ou magnac) et son pendant féminin MANHAGUE (ou magnague).
Manhaguet et manhaguette s’adresseront plus particulièrement à des enfants ou jeunes adolescents afin de leur signifier leur gentillesse et notre affection. Les suffixes en « et » ou « ette » sont des diminutifs affectueux.
On emploie ces mots en les glissant familièrement dans une phrase, avec un souffle de chaleur humaine. Le manhac est une personne que l’on aime bien, que l’on connaît, que l’on rencontre avec plaisir, avec qui on se plait à discuter pour échanger.
C’est le contraire de celui qu’on surnomme habituellement « l’idiot du village », et partout, il y en a
au moins un qui répand la rumeur nauséabonde !
BOUROUNE.Dans certains coins du Languedoc, on emploie « bouroune »ou« bourroune », qui est une espèce de vieille couverture, une bache, employée comme drap de vannage placé au pied de l’arbre pour recueillir puis séparer, après cueillette, les fruits des feuilles quand on récolte, les châtaignes, les marrons, les olives,et d’autres fruits. Dernièrement, j’ai cueilli des micocoules en mettant« une bouroune »sous l’arbre.Ne pas confondre avec« BOURROUGNE »,qui se rapprocherait du bourrin. Au football ou au rugby, par exemple, on dira qu’un attaquant est bourrin quand il fonce tête baissée le long de la ligne de touche ou vers le but adverse (sans se préoccuper de ses coéquipiers).Eh bien chez nous, on dira aussi d’une personne qu’elle est une« bourrougne ». Ce qui, comme bourrin n’est pas particulièrement flatteur…Bourrougne(de l’Occitan « borona ») qualifie une personne maladroite, voire têtue et un peu étroite d’esprit. .ATTENTION à l’orthographe, le dérapage peut vexer.
Tant avança la millauca , coma lo que còrrits e que sauta
« La limace arrive aussi bien au but que celui qui se précipite » – Allusion à la mollesse, au manque d’ardeur au travail.
L’aze de pauletou ne portario de mai poulidos
« L’âne de petit Paul en porterait de plus belles » ( moquerie )
Un estron bolhit al cap d’un bròc
Littéralement : « Un étron bouilli au bout d’un bâton » ( Moquerie : « moins que rien »)
– Es pas de Donaza
« Il n’est pas de… » Allusion au village de Donnazac – Jeu de mots : qualifie quelqu’un de pingre, qui ne donne pas facilement ( Tiré de l’œuvre d’Achille Mir « Lo lutrin de Ladern »)
Un grand despenja figas
« Un grand décroche figues » : quelqu’un de très grand
Fai tira Marius la cavala se néga
« Fais tirer, Marius, la jument se noie »- Un ordre finissant en plaisanterie.
Lo diable es a las vacas
« Le diable est aux vaches » Tout va mal, c’est la panique, la pagaille (expression plaisante, moqueuse )
A pas d’èime pels dimenges )
« Il ( ou elle ) est dépourvu de bon sens, même les dimanches ( jours où on étale ses richesses !». Qualifie quelqu’un de très sot.
Y a un temps que trempa e un que destrempa
« Il y a un temps qui trempe et un qui détrempe » : une façon de dire que les choses peuvent changer.
La virada del Cers
Le Cers est un vent de Nord- Nord- Ouest qui parfois se met brusquement à souffler après une période de vent Marine ( le vent tourne, vire ) généralement avec d’importantes et brèves chutes d’eau.
de malicia de vent
« De la malice de vent » : il fait plutôt beau mais il tombe une petite averse : c’est un vent malicieux qui l’envoie.
Los toregats, las provencalas, los torbegans
Cumulus porteurs d’orages
René Nelli écrit:
Autour du Mariage : Proverbes du Bas-Languedoc La malice populaire s’est donnée libre cours sur ce sujet toujours actuel. Elle s’est cristallisée chez nous, surtout dans les proverbes languedociens, dont je vais vous donner un choix, de notre peuple ami de ‘l’ironie et de la galéjade :
Quelques perles: